Dix initiatives testées en France.

La distribution pourrait réduire son gaspillage alimentaire de 300.000 tonnes par an et économiser 700 millions d’euros en mettant en place des actions parfois simples et pour la plupart peu coûteuses, indique jeudi l’Ademe.

Paris (AFP) – Moins de produits dans les rayons, un bac dédié aux légumes abimés, un coach « anti-gaspi »: la distribution, avec quelques gestes souvent peu coûteux, pourrait selon l’Ademe réduire son gaspillage alimentaire de 300.000 tonnes par an et économiser 700 millions d’euros.

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Avec près d’1,4 million de tonnes de produits – l’équivalent de 2,8 milliards de repas de 500 grammes -, la distribution produit 14% des pertes et gaspillages alimentaires, rappelle jeudi l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Pour tenter de limiter ce gâchis, elle a testé dix actions dans dix supermarchés et hypermarchés, volontaires, de cinq enseignes nationales (Carrefour, Intermarché, Système U, E. Leclerc, Auchan).

Résultat: « à travers des actions parfois simples et avec des coûts peu engageants, il a été possible de réduire le gaspillage de 22% en trois mois sur l’ensemble des magasins », affirme l’Ademe.

A Boulogne-sur-Mer, Auchan a ainsi embauché deux vendeurs pour servir certains produits fragiles comme les pêches, souvent abîmés par la manipulation des clients, des salariés et par les bacs trop remplis.

« Sur deux mois nous avons réalisé 15.000 euros d’économies », assure le directeur de l’établissement Frédéric Vaccaro, à l’occasion d’une conférence de presse présentant l’étude.

En ajustant les gammes au rayon épicerie ou en vendant à l’unité certains produits comme des tartes à la part, son magasin a économisé 220.000 euros par an. Pour le responsable, pas de doute, « le jeu en vaut la chandelle ».

L’ensemble des actions menées dans les dix magasins a permis de réduire leur gaspillage alimentaire de l’équivalent de 160 tonnes par an, soit 320.000 repas.

« Par magasin, cela représente une économie de 70.000 euros par an en moyenne », précise l’Ademe en soulignant que le coût complet du gaspillage alimentaire est en moyenne de 400.000 euros par an.

Si l’ensemble de la distribution obtenait les mêmes résultats que ces dix établissements, « elle réduirait son gaspillage alimentaire de 300.000 tonnes par an et économiserait plus de 700 millions d’euros par an », affirme l’agence.

Pour expliquer le gaspillage, l’Ademe incrimine la gestion des références dans les magasins: dans certains d’entre eux, moins de 1% des produits, commandés en trop grande quantité, sont à l’origine de 20% du gaspillage alimentaire (en euros).

Autres causes: une « +surmanipulation+ des produits » entre leur arrivée dans le magasin et leur passage en caisse, et une organisation qui « pousse les salariés à se concentrer davantage sur la valeur marchande des produits » que sur le gaspillage qu’ils peuvent générer.

L’agence propose sur son site dix fiches décrivant des actions qu’elle assure « simples et efficaces » contre le gaspillage comme diminuer le nombre de références dans les rayons ou nommer un « responsable anti-gaspi ».

Puisqu’une loi votée en février empêche désormais les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, l’Ademe recommande également de développer les dons aux associations.

Directeur d’un magasin Système U à Craon, en Mayenne, Alain Vallée se félicite d’avoir nommé une « ambassadrice du gaspillage alimentaire » et d’avoir adopté une application améliorant sa gestion de la « date limite de consommation » des produits.

Pour les fruits et légumes un peu abîmés sur lesquels le magasin propose des réductions allant jusqu’à 30%, il a organisé un espace dédié; 90% à 95% de ces produits sont désormais vendus, contre seulement 27% quand ils étaient laissés en rayon.

Au final, le gaspillage alimentaire a reculé de 32% dans son magasin, lui faisant économiser 96.000 euros.

Petit bémol toutefois: la réglementation ne suit pas toujours. « Je veux bien avoir des produits un peu abîmés mais quand on a des contrôles, on se fait un peu taper sur les doigts », déplore Alain Vallée.

L’Ademe doit lancer deux autres études sur le sujet: l’une dans l’industrie agroalimentaire, l’autre dans le monde agricole.

Gaspiage

Source :   www.goodplanet.info