Des jeunes en marge aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer en passant par les victimes d’attaques terroristes, la présence de l’animal de compagnie peut influencer la qualité de vie et améliorer le bien-être. Certains, notamment dans les pays anglo-saxons, n’hésitent pas à parler de thérapie avec l’animal, d’animal thérapeute, de zoothérapie …

Faute de critères scientifiques avérés et de protocoles définitifs, nous évoquons plutôt les activités associant l’animal. Ces activités pouvant avoir un objectif de (ré) éducation, de socialisation ou même – et bien évidemment – d’accompagnement thérapeutique. Kim Monteith travaille à la SPA de Vancouver au Canada. En 2001, elle est amenée à secourir des animaux dont les jeunes maîtres (des ados de 14 à 24 ans), souvent connus des services de police, abusant de substances illicites et ayant rompu le contact avec leurs familles, vivent la difficile expérience de la rue. Elle constitue une équipe de professionnels (vétérinaires, assistants sociaux, psychologues …) avec laquelle elle élabore un programme visant à montrer aux jeunes comment s’occuper de leur animal. Les jeunes sont accueillis plusieurs fois par semaine dans un local où sont prodigués les soins et où ils reçoivent conseils et aliments pour l’animal. Ils y rencontrent d’autres jeunes, sortent de leur isolement, réapprennent à communiquer. Kim Monteith espère ainsi les aider à se réinsérer dans la société, à acquérir des notions de responsabilité, à retrouver l’estime d’eux-mêmes et à rejeter la violence inhérente à leur vie marginale et précaire. 30 jeunes ont bénéficié de cette aide en 2001. Ils sont 100 aujourd’hui et le programme voudrait s’étendre aux adultes vivant dans la rue ainsi qu’aux prostituées.

Joan K. Dalton est familiarisée avec les programmes utilisant des chiens dans les prisons américaines. En 1993, elle veut tenter l’expérience dans un centre d’éducation fermé pour jeunes délinquants dans l’Oregon (USA). Des adolescents, rejetant toute autorité, exclus de l’école, confrontés à la drogue et à l’alcool, incarcérés pour avoir commis des vols, des viols, voire des meurtres participent au programme. Chacun d’eux se voit confier un chien issu d’un refuge et souffrant de désordres comportementaux. Le but : s’en occuper, en prendre soin et le (ré) éduquer en vue de sa future adoption. Un véritable programme pour «apprendre ensemble»: apprendre à se contrôler, à reconnaître l’autre, à accepter l’autorité. De ces longues heures passées ensemble naît aussi une relation émotionnelle, un amour inconditionnel qui aident à se reconstruire. Les jeunes acquièrent des valeurs fondamentales, apprennent à être responsable, retrouvent un comportement social pour avoir une chance de se réinsérer à leur sortie du centre. Le chien lui aussi profite de cette relation: soins médicaux, nourriture, thérapie comportementale, relation privilégiée avec l’adolescent, travail avec une équipe compétente. Tout est fait pour que l’animal se sente bien, se réconcilie avec lui-même et avec l’Homme en général avant de trouver une famille adoptive où il finira ses jours en toute quiétude. Les résultats sont encourageants. Aucun des jeunes ayant participé au programme n’est retourné dans l’univers correctionnel après sa libération.

En Espagne, ce sont les jeunes drogués du centre El Batan (Madrid) qui ont profité d’une expérience similaire sous la conduite du Dr Jorge Verdasco Novalvos, vétérinaire et statisticien de formation. En vivant au contact de l’animal (des Labradors et des Golden retrievers)

Extrait du magazine Café Crème